Au ciné cet été

De nombreux films intéressants sur grand écran cet été. Nous vous avons sélectionné 8 films.

Deux films noirs en provenance d’Asie : de Chine pour Une pluie sans fin réalisé par Dong Yue et de Corée pour Burning, adapté d’une nouvelle d’Haruki Murakami par Lee Chang-dong (Secret Sunshine, Poetry).

Trois films rock’n’roll, avec How to talk to girls at parties, featuring Elle Fanning et Nicole Kidman dans la scène punk londonienne des années 70, Under the silver lake, une enquête déjantée à Los Angeles en sélection officielle à Cannes et le nouveau Spike Lee, BlacKkKlansman, où un noir (John David Washington) et un juif (Adam Driver) infiltrent le Klu Klux Klan.

Come as you are, un film indé américain ayant reçu le Grand Prix du Festival de Sundance, avec Chloe Grace Moritz et Sasha Lane, remarquée dans American Honey.

Dogman, le nouveau film de Mattéo Garrone (Gomorra), prix du meilleur acteur à Cannes pour Marcello Fonte.

Et le nouveau Soderbergh, Paranoïa, un thriller psychologique particulièrement réussi.

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Combien gagnent les auteurs ?

L’autoédition numérique, nouvelle opportunité pour les auteurs

L’édition a longtemps fonctionné sur un modèle immuable : l’auteur fait appel à un éditeur pour son texte. Ce dernier travaille ensuite avec un diffuseur et un distributeur pour imprimer le livre puis le vendre en librairie. L’édition à compte d’auteur a toujours existé, Proust ou Rimbaud y ont eu recours, mais elle est restée marginale. Elle nécessitait en effet les services d’un tiers, pour obtenir l’ISBN, identifiant du livre nécessaire à sa commercialisation et à son impression.

Le numérique permet une transformation de la chaîne du livre. Plusieurs acteurs du marché construisent un écosystème vertical en automatisant certaines étapes. L’apparition des tablettes et liseuses permettent d’équiper les lecteurs qui adaptent leurs pratiques : 24% des livres vendus aux Etats-Unis en 2015 sont des ebooks, 5% en France(1). Pour les auteurs, c’est l’apparition du programme KDP (Kindle Direct Publishing) d’Amazon en 2007, puis de la startup canadienne Smashwords en 2008, qui les fait basculer dans le numérique. Ces solutions permettent à toute personne ayant écrit un texte de le mettre en vente directement auprès des lecteurs via les libraires en ligne. L’autoédition, l’auteur s’éditant lui-même, est désormais possible. Elle présente quatre principaux avantages :

  • Une suppression des stocks ;
  • Une suppression des coûts d’impression ;
  • Une distribution simplifiée ;
  • Un contrôle total de ses droits.

La tendance est forte dans les pays anglo-saxons puisqu’en 2017 : 25% des ventes sur Kindle viennent de livres sans ISBN, 64 000 nouvelles histoires sont publiées sur l’application Wattpad tous les jours(2), Smashwords représente désormais 130 000 auteurs(3) et des célébrités comme Stephen King(4)  alternent entre édition traditionnelle et autoédition.

En France, si le secteur met plus de temps à prendre son envol, on estime à 100 000 le nombre d’auteurs autoédités avec certaines success stories comme Agnès Martin-Lugand, qui sera éditée suite à son succès en autoédition.

Des startups émergent : le 28 septembre Librinova annonce avoir levé 700 000 euros(5) après avoir lancé 1500 livres autoédités sur le marché francophone, Iggybook compte 5000 auteurs actifs(6), Scribay, Bookelis ou Publishroom sont aussi apparus sur le marché ces dernières années.

Un auteur peut désormais s’autoéditer, mais peut-il en vivre ? Après cinq années en France, certaines données de ventes sont disponibles et permettent d’apporter des premiers éléments de réponse.

 

Qu’est-ce qu’un succès d’autoédition ?

Des chiffres de ventes sont disponibles en ligne sur des blogs d’auteurs autoédités. Tous annoncent des chiffres similaires : un auteur star autoédité peut dépasser les 10 000 ventes.

David Forrest est l’un des premiers auteurs autoédités mis en avant par les médias. En 2012, il annonça sur son blog(7) avoir vendu 10 000 exemplaires de son thriller En série, Journal d’un tueur – à une époque où KDP n’existait pas encore en France

En décembre 2012, Agnès Martin-Lugand publie sur Amazon Les gens heureux lisent et boivent du café, le roman atteint 10 000 ventes. De ce succès, l’auteur obtient un contrat avec l’éditeur Michel Lafon qui la porte vers une reconnaissance publique et médiatique avec 300 000 exemplaires vendus.

Toujours en 2012, un auteur de romans policiers, Jacques Vandroux, voit ses ventes décoller. Son roman Les pierres couchées est vendu à 11 000 exemplaires en janvier 2014(8). Il compte désormais plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires vendus. Un livre plus récent, Projet Anastasis, atteint 11 000 exemplaires en janvier 2015 et il a désormais doublé ces chiffres. L’auteur a depuis signé aux Editions Robert Laffont, chez Editis.

John-Erich Nielsen est devenu populaire avec sa série policière mettant en scène l’Inspecteur Sweeney en Ecosse. Le premier tome, Meurtre au 18ème trou, a atteint 27 000 ventes et l’ensemble de la série, mise en ligne progressivement depuis mi-2014, a dépassé les 40 000 exemplaires vendus. Lui a fait le choix de rester autoédité.

 

 

Combien d’ebooks vendent les auteurs édités ?

Le record est détenu par la série érotique 50 nuances de Grey. Un responsable de JC Lattès déclare avoir vendu plus de 200 000 ebooks de la trilogie en France, dont le premier tome à plus de 100 0000 ventes. Cette série, qui fut le plus grand succès d’autoédition aux Etats-Unis avant d’être publié chez un éditeur traditionnel et adapté au cinéma, est cependant hors-catégorie.

Les auteurs « stars » dépassent 30 000 ventes sur un livre numérique, mais ils sont peu nombreux. Ce sont généralement des bestsellers en papier : Guillaume Musso, Marc Levy, Michel Bussi, Katherine Pancol, la série Millenium… Pour un éditeur traditionnel, une réussite en numérique se situe au-delà de 10 000 ventes, soit des chiffres comparables à ceux de l’autoédition. Les auteurs renommés atteignent ces chiffres, mais la plupart des ebooks ne vendent que quelques centaines d’exemplaires lorsqu’ils sont publiés par les grands éditeurs ayant pignon sur rue.

Une nouveauté (roman ou essai) publiée par un éditeur réalise environ 10% de ses ventes en ebook. Les chiffres peuvent varier par segment : sur de la littérature de genre (polar, fantasy, romance) ce taux peut dépasser 30%. Sur des textes très littéraires il se situe entre 2 et 5%, et à moins de 1% pour l’illustré, le pratique, la jeunesse ou les sciences humaines.

 

Combien gagne un auteur édité ?

Selon la SGDL et la SCAM, qui ont interrogé 1800 auteurs pour faire un état des lieux du marché(9), le taux de rémunération des auteurs est faible : 19% des auteurs sont payés moins de 5% du prix net du livre, 50% des auteurs entre 5 et 10%, 23% touchent 10% de ce prix et seulement 7% touchent plus. En moyenne un auteur touche entre 1 et 1,5€ pour chaque livre vendu en grand format. Pour le poche les droits d’auteurs sont autour de 5%, sur un prix de vente plus faible, donc l’auteur touchera plutôt 30 à 40 centimes par livre.

En papier, la vente moyenne d’un roman en France se situe autour de 300/400 livres(10), un peu plus chez les grands éditeurs. À partir de 1 000 exemplaires, l’éditeur est satisfait et à 5 000 c’est le succès et une édition en poche peut être envisagée. L’auteur gagne alors 5 000€. Très peu de livres dépassent les 50 000 exemplaires vendus, ce sont les livres ayant reçu des prix littéraires ou les succès grand public. Il faut savoir que si les chiffres varient d’année en année, le Goncourt fait vendre en moyenne 395 000 exemplaires des romans qu’il prime(11). Le magazine Capital a révélé en mars 2017(12) que Guillaume Musso a écoulé 1,8 millions d’exemplaires en 2016 avec des droits d’auteur record de 18% par grand format. Il a estimé ses revenus à 2,8 millions d’euros, suivi de près par Marc Lévy (1,7 million) et Michel Bussi (1,4 million).

Ils sont l’exception : seuls 2838 écrivains sont affiliés à l’AGESSA en 2016(13), la sécurité sociale des auteurs (ainsi que 1724 illustrateurs et 1144 traducteurs). Pour cela, il faut gagner 8400€ par an. Sachant qu’il y a 80 000 nouveaux livres publiés par an, il est extrêmement rare de vivre de sa plume en étant édité.

Autoédition : quels revenus numériques ?

L’autoédition possède ses propres règles, notamment pour le prix de vente. Les auteurs à succès vendent leur livre en-dessous de 5€, voire 1€ au moment du lancement pour se faire connaître et toucher de nouveaux lecteurs. Mark Coker, PDG de Smashwords (leader de l’autoédition aux Etats-Unis) publie une analyse intéressante en mai 2013(14) démontrant que 0,99€, 2,99€ et 3,99€ étaient les trois prix les plus populaires auprès des lecteurs.

Lorsque l’auteur vend directement son ebook à ses lecteurs via KDP, Kobo Writing Life ou l’iBooks Store, il touche 70% du prix net de vente. Pour un livre vendu à 10 000 exemplaires :

– en autoédition, avec un livre vendu à 2,99€, l’auteur perçoit 19 779€.

– en édition papier à 15€, l’auteur touche moins de 10 000 € (droits d’auteur < 10%).

Sous une perspective différente :

– pour gagner 19 779€ en numérique, un auteur doit vendre 10 000 livres à 2,99€. Les lecteurs doivent avoir un budget de 29 900€ pour les livres.

– pour gagner le même revenu sur du papier, il faut vendre 17 442 livres à 15€. Les lecteurs doivent dépenser 261 625€ en livres.

Faut-il s’autoéditer ?

Les éditeurs défendent le fait que l’essentiel du marché se fait encore sur le papier, qu’ils placent le livre chez les libraires, qu’ils vous donneront parfois accès aux médias, et que les espérances de ventes et de revenus sont donc plus élevées dans un contrat d’édition. C’est souvent vrai, mais plus systématiquement. Un auteur autoédité peut aujourd’hui en France vendre en numérique autant qu’un auteur édité, et il touchera plus de revenus. Mais sur un marché du numérique se développant lentement, les revenus dégagés ne permettent pas encore d’en vivre confortablement. Cela nécessite aussi de travailler sur les aspects commerciaux et marketing de son livre qui sont chronophages et qui nécessitent certaines compétences que n’ont pas forcément les auteurs.

La dichotomie entre l’édition traditionnelle et l’autoédition est remise en question, les deux systèmes étant complémentaires. Des auteurs édités utilisent l’autoédition pour expérimenter sur des formats ou des genres spécifiques. L’autoédition donne une seconde chance aux auteurs rejetés par les comités de lecture, croulant sous les manuscrits qu’ils ne peuvent plus lire. Beaucoup d’éditeurs suivent les réussites autoéditées pour en faire les succès édités de demain. L’autoédition peut être un tremplin vers l’édition, un outil d’expérimentation ou encore une source de revenus complémentaires. Les auteurs y voient surtout la liberté de commercialiser leurs livres. L’autoédition est vu comme un instrument propice à la création et à la diversité culturelle, et comme une manière de se rémunérer de façon plus équitable que dans l’édition traditionnelle.

 

Sources :